Alors vous préférez quoi être rôti-e ou fumé-e? La bonne nouvelle c’est que cet été on peut combiner les deux : rôti-e par la canicule et (en)fumé-e par les incendies qui ravagent la France.
Selon Stephen Pyne, professeur à l’Arizona State University, nous sommes entrés dans l’ère du « Pyrocène », un temps où le feu modèlera la planète aussi puissamment que la glace lors des périodes glaciaires.
Avec une centaine de feux et plus de 40 000 hectares déjà partis en fumée, l’année 2022 s’annonce comme celle d’un record du côté des incendies. Les feux de forêt en Gironde ont détruit plus de 20 000 hectares de végétation, ce qui représente deux fois la taille de Paris. Même des régions plus fraîches, comme la Bretagne ont été touchées.
Le reste de l’Europe brûle aussi : 70 000 hectares en Espagne, plus de 30 000 au Portugal, la Grèce, la Slovénie, l’Angleterre… Au final, Les incendies en Europe n’ont jamais été aussi importants que cet été, comme l’explique Le Monde. Les hectares détruits cet été par les incendies sont 1,5 fois supérieurs à la moyenne en Italie, 1,8 fois supérieurs en Belgique, 2 fois en Grèce et en Finlande, 3 fois au Portugal, 7 fois en France et au Danemark, 9 fois en Espagne, 12 fois en Allemagne, 50 fois en Suisse, 54 fois en Hongrie, 75 fois en Slovénie, 97 fois en Autriche…
Tous les pays européens ne subissent pas les mêmes pertes. Pour certains comme l’Espagne, l’addition est très lourde : les incendies ont ravagé plus de 220 000 hectares, soit 11 fois les incendies de Gironde.
L’évènement déclencheur des feux relevant souvent d’imprudences ou d’actes de malveillance, le lien avec le réchauffement climatique est cependant clairement établi. Le réchauffement climatique est responsable de :
- la sévérité des feux (en étudiant les anneaux de croissance des arbres il n’y a aucune trace que des feux aussi importants aient eu lieu dans les 1 000 dernières années)
- l’allongement de la saison des feux
- l’extension géographique du risque d’incendie (toute la France est concernée, plus seulement le Sud)
- la réduction de la fenêtre d’intervention des pompiers (en raison des températures élevées la nuit)
Demain ces phénomènes vont s’accentuer. En 2040, l’indice incendie de la région Centre-Val de Loire pourrait être similaire à celui du département du Gard aujourd’hui (source : étude Météo France). En 2050, dans le Sud-Est, les surfaces brûlées devraient augmenter de 80% par rapport à aujourd’hui, d’après François Pimont, ingénieur de recherche à l’INRAE.
Pour Hervé Le Bouler, forestier : « les forêts sont malades et elles ont besoin de soins, sinon elles vont crever et cramer de chaleur, de soif et de maladie. Ce qu’il faut c’est prendre soin de la forêt, l’aider, la soutenir pour qu’elle survive et se renouvelle. » Afin d’éviter les mégafeux, Il pensait qu’il était indispensable de gérer les forêts, de les entretenir par les récoltes de bois, les éclaircies et les travaux pour éviter que la végétation ne s’y accumule pendant plusieurs années. Cependant les incendies ont ravagé les forêts landaises, des forêts gérées…Avant de replanter, il va falloir repenser l’organisation de territoires forestiers pour diminuer le risque d’incendies.
Le président de la fédération nationale des sapeurs pompiers indique que c’est désormais l’ensemble du territoire français qui est concerné par les incendies, du 1er janvier au 31 décembre et ce qui pouvait s’apparenter à l’exceptionnel est désormais régulier en 2022 et sera le quotidien en 2023.
Alors …on fait quoi pour limiter le réchauffement climatique ?
Sources : Le regard d’un forestier sur les incendies (Nourritures terrestres)
Une carte recense les feux détectés dans le monde dans les dernières 24h. Le 1er août plus de 64 000 feux étaient détectés.